Les eaux cristallines de Ras Mohammed dévoilent un monde sous-marin d'une diversité remarquable, abritant plus de 1000 espèces différentes répertoriées. Cette étendue sauvage de 829 km² de terre et de mer demeure intacte, préservée de toute construction à l'extrémité sud de la péninsule du Sinaï.
Les récifs coralliens qui s'épanouissent dans ces eaux transparentes comptent 200 espèces distinctes, créant un kaléidoscope de couleurs saisissant.
L'histoire de la conservation égyptienne débute véritablement en 1983 avec la création du parc national de Ras Mohammed (parfois orthographié Ras Mohamed), premier parc national du pays. Cette réserve marine s'est forgée une réputation internationale exceptionnelle, gagnant sa place sur la Liste verte de l'UICN en 2018 grâce à sa gestion exemplaire.
L'inventaire biologique révèle une richesse stupéfiante : 125 espèces de coraux mous, 40 variétés d'étoiles de mer et 150 espèces de crustacés peuplent ces eaux, tandis que gazelles, lézards et renards parcourent les terres arides du parc.
Cette biodiversité s'ancre dans un patrimoine géologique ancien, certains coraux témoignant de près de 2 millions d'années d'évolution, et des fossiles datant de plus de 75 millions d'années parsèment le site.
La découverte de Ras Mohammed génère un choc visuel saisissant : le désert ocre et aride cède brutalement place à un monde aquatique d'une richesse inouïe. Cette rencontre entre deux univers opposés révèle un sanctuaire naturel où la préservation atteint des niveaux d'excellence rarement observés ailleurs.
Face aux pressions croissantes exercées par la surpêche, l'expansion touristique et les activités industrielles, les autorités égyptiennes ont adopté une approche visionnaire. L'établissement officiel du parc national de Ras Mohammed en 1983 marquait un tournant décisif dans la politique de conservation du pays. L'aire protégée s'étendait initialement sur 97 km², englobant principalement la pointe méridionale de la péninsule du Sinaï.
L'expansion significative survenue en 1989 par décret du Premier ministre a porté la superficie totale à 480 km². Cette extension stratégique a permis d'intégrer des zones marines environnantes et des territoires adjacents, notamment les îles de Tiran et Sanafir.
La collaboration étroite avec des organisations internationales de conservation a forgé l'excellence de ce modèle de préservation écologique. Le parc s'est imposé comme un laboratoire de recherche scientifique de premier plan, reconnaissance couronnée par son inscription sur la Liste verte de l'UICN en 2018. Cette distinction souligne l'efficacité des méthodes de gestion et l'équité de la gouvernance mise en place.
Le cadre réglementaire applique des restrictions rigoureuses : la plongée demeure limitée aux zones désignées et l'évacuation complète des visiteurs avant le coucher du soleil reste obligatoire. Ces protocoles stricts maintiennent Ras Mohammed parmi les rares destinations touristiques mondiales préservées de tout rejet d'effluents.
L'immersion initiale dans les eaux de Ras Mohammed dévoile instantanément un écosystème d'une complexité extraordinaire. Les formations coralliennes qui bordent le littoral exhibent une vitalité remarquable, avec des taux de couverture corallienne dépassant 80% dans les secteurs centraux du récif.
Cette performance contraste fortement avec les moyennes du Golfe d'Aqaba, généralement comprises entre 11% et 63%. Certaines zones atteignent même 90% de coraux vivants, témoignage éloquent de quatre décennies de conservation efficace.
La diversité topographique des récifs s'étend des zones peu profondes et protégées de Sha'ab El Talaba aux parois verticales spectaculaires où les coraux prospèrent au-delà de 100 mètres de profondeur, particulièrement visibles à Shark Observatory et aux récifs de Shark et Jolanda/Yolanda.
L'exploration de ces eaux cristallines révèle un inventaire biologique impressionnant :
Les espèces emblématiques enrichissent cette biodiversité : barracudas, murènes géantes, tortues marines et requins de récif évoluent naturellement dans cet habitat protégé. La période estivale offre des opportunités accrues d'observation de requins.
La présence remarquable de mangroves le long des rivages mérite une attention particulière. Ces forêts côtières figurent parmi les plus septentrionales au monde, constituant un habitat essentiel pour les oiseaux, poissons et crustacés qui dépendent de ces écosystèmes de transition.
Cette exploration approfondie de Ras Mohammed nous a menés vers des sites d'exception, chacun révélant des caractéristiques uniques qui témoignent de la richesse écologique de ce sanctuaire marin. Voici notre sélection des cinq destinations sous-marines les plus remarquables de ce parc national.
Cette formation récifale emblématique de Ras Mohammed s'élance vers les abysses sur plus de 800 mètres de profondeur, offrant une topographie d'une beauté saisissante. Les plongées dérivantes permettent d'explorer ce mur vertical où prolifère une concentration exceptionnelle de vie marine, particulièrement dense durant les mois de juillet et août. Cette paroi abrupte héberge des populations importantes de vivaneaux, de poissons-chauve-souris et de barracudas évoluant en formations spectaculaires.
Les courants imprévisibles constituent la signature de ce site, changeant parfois de direction au cours d'une même immersion. Cette dynamique marine contribue à l'intensité remarquable de l'expérience, plaçant Shark Reef parmi les dix sites de plongée les plus réputés mondialement.
Relié à Shark Reef par une formation récifale en selle, Yolanda Reef représente le joyau corallien le plus dense de Ras Mohammed. Cette structure récifale, émergeant des profondeurs abyssales, développe une biodiversité exceptionnelle sur son plateau s'étendant entre 12 et 20 mètres de profondeur.
L'histoire maritime du site fascine autant que sa richesse biologique. Les vestiges du Yolanda, cargo chypriote échoué en 1980, parsèment encore les fonds marins. Bien que l'épave principale ait sombré lors d'une tempête en 1985 (localisée à 145 mètres en 2005), sa cargaison singulière demeure visible : sanitaires, baignoires et lavabos désormais colonisés par les formations coralliennes.
La BMW 320 du capitaine figure parmi les curiosités les plus photographiées de ce site ! Cette zone attire également raies pastenagues à points bleus, napoléons et poissons-crocodiles.
Cette destination extraordinaire justifie pleinement son appellation par la présence de centaines d'anémones accompagnées de leurs symbiotiques poissons-clowns. Positionné au nord de Shark Reef, Anemone City débute à seulement 1 mètre de profondeur pour descendre progressivement jusqu'à 65 mètres.
L'expérience proposée par ce site revêt un caractère presque surréaliste. Après l'observation des colonies de poissons-clowns et d'une ancre imposante incrustée de coraux, la progression vers le bleu profond crée une sensation d'immersion totale dans l'immensité marine. Cette impression d'isolement dans l'azur infini précède l'apparition soudaine de la silhouette majestueuse de Shark Reef. Les conditions optimales de plongée s'observent généralement en matinée, avec une visibilité pouvant atteindre 26 mètres.
Fermé aux plongeurs pendant plusieurs années pour protéger une zone de nidification de tortues marines, Ras Ghozlani compte aujourd'hui parmi les sites les mieux préservés de Ras Mohammed. Cette plongée dérivante suit une pente sablonneuse débutant à 6 mètres pour rejoindre le tombant situé entre 25 et 30 mètres de profondeur.
La splendeur de ce site réside dans ses formations coralliennes monumentales : coraux tabulaires géants abritant des mérous marbrés, pinnacles ornés de coraux mous aux teintes roses et rouges, structures coralliennes créant une véritable forêt sous-marine. Cette biodiversité attire raies aigles, tortues vertes et requins à pointe blanche venant se nourrir du plancton véhiculé par les courants marins.
Anciennement dénommé "Fisherman's Bank", Jackfish Alley présente une topographie diversifiée qui enchante les plongeurs expérimentés. L'exploration débute par une grotte peu profonde à 5 mètres, suivie d'un tunnel débouchant sur une baie sablonneuse à 9 mètres de profondeur.
La progression vers le sud-ouest révèle une seconde grotte à 14 mètres, remontant jusqu'à 6 mètres et peuplée de nuées de poissons de verre. L'"allée" caractéristique du site se matérialise par un chenal sablonneux séparant le récif principal d'un récif satellite parallèle. Cette configuration particulière favorise la présence de requins à pointe blanche, de raies pastenagues à points bleus et de carangues (jackfish). Les tunnels naturels génèrent des jeux de lumière spectaculaires, transformant chaque immersion en expérience inoubliable.
Ces multiples immersions dans les eaux de Ras Mohammed ont forgé notre compréhension des subtilités de cet écosystème marin exceptionnel. L'accumulation de ces expériences pratiques révèle des enseignements précieux qui transcendent la simple découverte touristique pour devenir une véritable éducation marine.
La géographie particulière de Ras Mohammed, positionnée au confluent du Golfe de Suez et du Golfe d'Aqaba, engendre des dynamiques océaniques puissantes qui nourrissent ces eaux tout au long de l'année. Cette configuration explique la prédominance des plongées dérivantes, technique qui permet aux plongeurs de parcourir les récifs portés par les courants naturels.
Des sites comme Shark et Yolanda Reef transforment parfois l'expérience en véritable parcours aquatique imprévisible, les courants pouvant s'inverser subitement au cours d'une même plongée. L'observation minutieuse de la surface marine et l'écoute attentive des briefings s'avèrent cruciales pour anticiper ces variations hydrodynamiques.
La technique du "negative entry" (descente rapide) devient indispensable sur certains sites pour éviter la dérive en surface et accéder aux formations coralliennes les plus spectaculaires. Cette exigence technique justifie la recommandation d'un minimum de 20 plongées avant d'explorer certaines zones de Ras Mohammed.
L'identification de la faune marine devient progressivement plus intuitive avec l'expérience. Les requins à pointe blanche et grise fréquentent assidûment les abords des récifs, tandis que les requins-marteaux privilégient les eaux plus profondes.
Les raies pastenagues à points bleus constituent une rencontre quasi-certaine lors de chaque immersion. La période estivale, particulièrement entre juin et août, correspond au pic d'activité des requins.
Les observations régulières de dauphins - grands dauphins et dauphins à long bec - entre les sites de plongée enrichissent considérablement l'expérience marine globale.
L'expérience la plus révélatrice concernait la distinction flagrante entre les zones protégées et les secteurs touristiques non réglementés. La couverture corallienne oscille entre 60 et 80% dans le parc national, contrastant dramatiquement avec les 20-30% observés dans les zones touristiques non protégées.
Des études récentes documentent une détérioration progressive des récifs coralliens dans le secteur nord (Sharm El Sheikh), quantifiant une perte de 25 à 40% entre 1991 et 2023 dans les zones touristiques les plus sollicitées. Cette dégradation résulte principalement des pressions anthropiques : développement d'infrastructures touristiques, pollution par les déchets, rejets d'eaux usées et impact direct des activités récréatives.
L'observation directe confirme que le simple contact physique avec les formations coralliennes - repos, marche ou appui - compromet irrémédiablement leur intégrité structurelle. Cette réalité impose le maintien d'une flottabilité neutre parfaite et l'évitement absolu de tout contact avec les récifs.
Les eaux de Ras Mohammed exigent une préparation minutieuse et une connaissance approfondie des conditions locales pour révéler pleinement leurs merveilles. Ces recommandations pratiques, issues de décennies d'expérience collective, constituent les fondements d'une exploration sous-marine réussie dans ce sanctuaire de la mer Rouge.
Les conditions optimales de plongée à Ras Mohammed se concentrent entre juin et août, période durant laquelle l'eau atteint sa température la plus clémente, la visibilité son maximum et la reproduction marine son apogée. D'avril à octobre, les températures aquatiques oscillent entre 26°C et 30°C, créant des conditions d'exploration idéales.
Les visiteurs souhaitant éviter l'affluence touristique noteront qu'octobre et novembre marquent la haute saison. Durant la période hivernale, de novembre à mars, l'eau se tempère entre 21°C et 25°C, offrant une expérience plus sereine tout en conservant sa richesse biologique.
Recommandation spécialisée : l'observation des requins atteint son paroxysme entre juin et août, lorsque leur activité culmine dans les eaux profondes du parc.
Une exploration optimale de Ras Mohammed nécessite un équipement spécifique et soigneusement sélectionné :
La location d'équipement complet sur site varie entre 29€ et 35€ selon le nombre d'immersions prévues. L'état de charge complet des appareils électroniques avant l'excursion demeure impératif.
Le statut de parc national impose une réglementation rigoureuse et non négociable. L'évacuation de tous les visiteurs avant le coucher du soleil constitue une obligation absolue. Le respect scrupuleux des directives des guides garantit à la fois la sécurité personnelle et la protection environnementale.
La préservation de cet écosystème fragile repose sur des principes fondamentaux :
Ces mesures préventives assurent non seulement la sécurité immédiate mais garantissent également la pérennité de ce patrimoine naturel exceptionnel pour les générations à venir.
La richesse naturelle de Ras Mohammed impose aux plongeurs une responsabilité particulière envers cet écosystème d'exception. Malgré son statut protégé, cette réserve marine demeure vulnérable face aux diverses pressions anthropiques et environnementales qui menacent sa pérennité.
Plusieurs espèces remarquables, aujourd'hui en péril, trouvent refuge dans les eaux et terres de Ras Mohammed. Les tortues vertes (Chelonia mydas) et les tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata) fréquentent régulièrement ces eaux protégées. Les terres arides du parc abritent la gazelle dorcas et l'ibex de Nubie, deux mammifères dont les populations déclinantes nécessitent une attention particulière.
Les îles de Tiran et Sanafir constituent un sanctuaire crucial pour les goélands à iris blanc, espèce endémique menacée, ainsi que pour les balbuzards pêcheurs. L'île de Tiran héberge notamment l'une des plus importantes populations de balbuzards documentées en mer Rouge.
Ce territoire joue également un rôle essentiel comme corridor migratoire, accueillant chaque année la majorité de la population mondiale de cigognes blanches lors de leurs déplacements saisonniers.
La préservation de ce patrimoine naturel exceptionnel repose sur l'adoption de pratiques responsables fondamentales :
Le choix d'opérateurs de plongée éco-responsables respectant les directives environnementales et utilisant des crèmes solaires sans danger pour les récifs contribue significativement à la protection de cet écosystème.
La compréhension de l'importance de Ras Mohammed en tant qu'aire marine protégée par les communautés locales reste fondamentale. L'Égypte a développé des programmes de sensibilisation environnementale incluant des supports visuels diffusés dans les aéroports, hôtels et centres de plongée.
Ces initiatives revêtent une importance cruciale face à un constat alarmant : 60% de l'environnement marin mondial subit des menaces de dégradation et 30% a déjà été perdu. Paradoxalement, chaque dollar investi dans la restauration des écosystèmes peut générer jusqu'à 30 fois plus de bénéfices économiques.
Chaque plongeur devient ainsi ambassadeur de ces récifs. Votre comportement exemplaire et la transmission de vos connaissances participent directement à la sauvegarde de ce paradis sous-marin pour les générations futures.
L'exploration des profondeurs extraordinaires de Ras Mohammed révèle les raisons pour lesquelles ce joyau de la mer Rouge captive les plongeurs du monde entier. Ce sanctuaire marin délivre une expérience singulière où la richesse des écosystèmes coralliens s'épanouit dans une biodiversité marine exceptionnelle, protégée par un statut rigoureux établi depuis 1983.
Ras Mohammed transcende le simple concept de destination de plongée pour devenir un véritable laboratoire vivant où la nature conserve sa souveraineté, préservée des dégradations qui affectent de nombreux récifs coralliens mondiaux. Le contraste saisissant entre l'aridité désertique et l'explosion de vie sous-marine forge une expérience quasi mystique dont le souvenir perdure longtemps.
La diversité remarquable des sites constitue l'une des forces majeures de ce parc national. L'adrénaline des courants de Shark Reef, la découverte fascinante de l'épave de Yolanda, ou la sérénité colorée d'Anemone City offrent autant d'expériences distinctes à chaque immersion. Parfois, la simple rencontre avec une tortue marine ou l'observation d'un napoléon curieux suffit à métamorphoser une plongée ordinaire en moment mémorable.
Cette beauté demeure néanmoins fragile. Le rôle du plongeur responsable s'avère donc crucial pour la préservation de ce trésor naturel. Une flottabilité maîtrisée, le respect scrupuleux des consignes et l'adoption de gestes simples contribuent directement à la protection de cet écosystème unique. Cette démarche responsable permet la transmission de cette merveille aux générations futures.
Ras Mohammed ne constitue pas uniquement un lieu de visite, mais une expérience complète à vivre pleinement. Entre sensations intenses, découvertes naturalistes et éveil de la conscience écologique, cette destination transforme ses visiteurs. La préparation minutieuse de l'équipement, le choix judicieux de la saison et l'immersion dans ce paradis sous-marin révèlent les secrets que recèlent les 829 km² de ce parc national exceptionnel.
Q1. Quelle est la meilleure période pour plonger à Ras Mohammed ?
La période idéale pour plonger à Ras Mohammed se situe entre juin et août. L'eau est alors à sa température la plus agréable (26-30°C), la visibilité est optimale et c'est la saison d'accouplement de nombreuses espèces marines.
Q2. Quels sont les sites de plongée incontournables à Ras Mohammed ?
Parmi les sites les plus remarquables, on peut citer Shark Reef pour son mur vertigineux, Yolanda Reef pour son épave unique, Anemone City pour ses anémones colorées, Ras Ghozlani pour ses coraux préservés et Jackfish Alley pour ses tunnels sous-marins spectaculaires.
Q3. Quelles espèces marines peut-on observer à Ras Mohammed ?
Ras Mohammed abrite une biodiversité exceptionnelle avec plus de 1000 espèces de poissons, 220 espèces de coraux, des requins à pointe blanche, des raies pastenagues à points bleus, des tortues marines et même des dauphins entre les sites de plongée.
Q4. Quelles précautions prendre pour préserver l'environnement marin de Ras Mohammed ?
Il est essentiel de maintenir une bonne flottabilité, d'éviter tout contact avec les coraux, de ne pas nourrir les animaux marins et de choisir des opérateurs de plongée éco-responsables. Ces gestes simples contribuent à la protection de cet écosystème fragile.
Q5. Quel équipement est nécessaire pour plonger à Ras Mohammed ?
L'équipement recommandé comprend un ordinateur de plongée, une combinaison, un appareil photo sous-marin et un drapeau de plongée. N'oubliez pas votre passeport, obligatoire pour accéder au parc, ainsi que de la crème solaire et des batteries de rechange pour vos appareils.
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