Les catacombes de Kom El Shoqafa figurent parmi les Sept Merveilles du Moyen Âge, un site funéraire dont la découverte relève d'un hasard presque romanesque. L'année 1900 marqua leur révélation au monde moderne lorsqu'un âne chuta accidentellement dans un puits d'accès oublié depuis des siècles. Ce complexe souterrain porte un nom évocateur - "Colline des Tessons" - témoignant des fragments de poteries qui jonchaient autrefois sa surface.
Alexandrie abrite ce joyau archéologique où convergent trois grandes traditions architecturales et artistiques. Les influences pharaoniques, hellénistiques et romaines s'entremêlent dans chaque recoin de cette structure creusée à 30,48 mètres dans la roche calcaire.
L'organisation spatiale révèle trois niveaux distincts culminant dans une chambre funéraire principale, remarquable par ses trois massifs sarcophages en pierre. Une famille romaine fortunée fit initialement construire ce sanctuaire pour son usage exclusif, avant que des extensions successives n'en fassent un lieu de sépulture plus vaste.
Les catacombes dévoilent leur splendeur aux visiteurs curieux depuis leur utilisation active entre le 2ème et le 4ème siècle. L'escalier circulaire, chef-d'œuvre d'ingénierie antique, permettait le transport solennel des défunts vers leur dernière demeure.
Le triclinium, salle rectangulaire de 9 mètres sur 8,5, accueillait quant à lui les banquets funéraires où les vivants honoraient la mémoire des disparus. Chaque détail architectural raconte l'histoire d'une Alexandrie antique, carrefour culturel où les civilisations méditerranéennes fusionnaient leurs traditions avec une harmonie remarquable.
L'émergence des catacombes de Kom El Shoqafa dans le paysage archéologique mondial tient à un événement aussi fortuit que décisif. Ce labyrinthe funéraire, sommeillant paisiblement sous les rues animées de l'Alexandrie moderne, a surgi de l'oubli grâce à un concours de circonstances que nul n'aurait pu anticiper. [ Le Caire, Croisière et Alexandrie ]
Alexandrie vivait paisiblement son entrée dans le XXe siècle, ignorant totalement le trésor historique qui gisait sous ses fondations. L'année 1900 marqua un tournant inattendu lorsque, dans le quartier populaire de Karmouz, un âne transportant de lourdes marchandises s'écroula brutalement, victime d'un effondrement soudain du sol.
L'incident banal se transforma en moment historique - l'animal avait révélé l'existence d'un puits vertical menant directement aux catacombes.
Sayed Aly Gibarah, propriétaire des lieux, découvrit avec stupéfaction cette béance mystérieuse et alerta promptement les autorités compétentes. Sans ce concours de circonstances et la chute providentielle de cet âne anonyme, ce chef-d'œuvre archéologique aurait pu demeurer enseveli pour plusieurs décennies supplémentaires.
L'appellation même du site - Kom El Shoqafa, signifiant littéralement "colline des tessons" en arabe - révélait déjà sa nature archéologique. Ces fragments céramiques éparpillés constituaient un indicateur précieux, longtemps négligé, de l'importance historique du terrain.
Le Département des Antiquités égyptiennes lança immédiatement une campagne d'exploration méthodique. Les archéologues affrontèrent d'abord l'obstacle majeur du puits central effondré, atteignant environ 11 mètres de profondeur. Leurs efforts dévoilèrent progressivement un ingénieux escalier hélicoïdal enroulé autour du puits, ouvrant l'accès vers les profondeurs énigmatiques du complexe.
Les fouilles successives révélèrent un réseau architectural funéraire d'une sophistication inattendue: chambres mortuaires interconnectées, corridors sinueux et salles cérémonielles témoignant d'une conception élaborée. Chaque strate explorée livrait son lot de trésors: imposants sarcophages de pierre, statues aux caractéristiques hybrides et fresques murales reflétant un syncrétisme artistique unique.
L'état de conservation remarquable du site stupéfia les spécialistes. Contrairement à la majorité des vestiges alexandrins, victimes de pillages et destructions multiples, les catacombes avaient bénéficié d'une protection naturelle grâce à leur enfouissement prolongé, échappant ainsi aux ravages du temps et des hommes.
L'attrait scientifique exceptionnel des catacombes réside essentiellement dans leur caractère multiculturel inédit. Les chercheurs y découvrirent une opportunité sans précédent d'observer la fusion harmonieuse de trois traditions funéraires majeures.
La période d'utilisation du site, s'étendant du IIe au IVe siècle après J.-C., coïncide avec une phase cruciale de métamorphose culturelle alexandrine. Les archéologues pouvaient ainsi documenter précisément comment les rites millénaires égyptiens s'étaient transformés au contact des influences gréco-romaines prédominantes.
La structure même des catacombes révèle cette dualité fascinante: techniques architecturales romaines côtoyant un programme ornemental mêlant symboles égyptiens et esthétique hellénistique. Cette coexistence visuelle constituait un sujet d'étude privilégié pour historiens de l'art et archéologues.
Les pratiques funéraires de l'élite alexandrine se dévoilaient également à travers ces vestiges exceptionnels. Le triclinium, vaste salle dédiée aux banquets commémoratifs, attestait de rituels spécifiques perpétués par les familles aisées locales.
Certaines anomalies intriguèrent particulièrement les spécialistes, notamment la mystérieuse "Salle de Caracalla" contenant des ossements équins et humains. Cette découverte souleva l'hypothèse d'un lien potentiel avec le séjour de l'empereur Caracalla à Alexandrie et le massacre qu'il aurait ordonné en 215.
La densité des informations historiques et archéologiques concentrées dans ce site extraordinaire explique l'attrait durable qu'exercent les catacombes de Kom El Shoqafa, captivant aussi bien les chercheurs spécialisés que les visiteurs venus des quatre coins du monde.
Les profondeurs des catacombes de Kom El Shoqafa révèlent une prouesse architecturale sans équivalent dans le monde antique. Ce labyrinthe funéraire témoigne du génie des bâtisseurs alexandrins qui ont créé un monument où chaque détail structurel raconte l'histoire des rites funéraires de l'époque.
La complexité verticale de l'ouvrage frappe immédiatement l'observateur attentif. Descendant à plus de 30 mètres sous terre, les artisans ont sculpté trois étages distincts dans la roche calcaire locale. Le premier niveau accueille les visiteurs avec son vestibule d'entrée et plusieurs salles annexes aux fonctions rituelles précises.
Plus bas, le deuxième niveau constitue véritablement le cœur névralgique du complexe, abritant des chambres sépulcrales aux décorations somptueuses qui mêlent iconographies égyptienne, grecque et romaine. Le troisième niveau, partiellement submergé depuis des siècles, garde jalousement ses secrets, demeurant largement inexploré et fermé au public.
La roche calcaire, matériau de prédilection des bâtisseurs, a permis la création d'espaces remarquablement fonctionnels et esthétiques, chaque niveau présentant des techniques de taille adaptées aux contraintes spécifiques de la profondeur.
L'élément architectural dominant du complexe prend la forme d'une rotonde majestueuse organisée autour d'un puits cylindrique central atteignant 11 mètres de profondeur. Ce puits ne constituait pas un simple ornement - il servait de voie principale pour acheminer les défunts et leurs offrandes vers leur demeure éternelle.
Un escalier en colimaçon comprenant exactement 99 marches s'enroule autour de ce puits, permettant une descente progressive vers les chambres funéraires. Six niches percent la rotonde, autrefois garnies de statues ou de lampes à huile éclairant le parcours des visiteurs et participants aux cérémonies funèbres.
Parmi les espaces les plus évocateurs figure le triclinium, salle rectangulaire mesurant 9 mètres sur 8,5 mètres. Cette pièce accueillait les repas commémoratifs, élément fondamental des traditions funéraires gréco-romaines. Les banquettes en pierre qui bordent l'espace témoignent encore des rassemblements où les proches venaient honorer la mémoire des disparus autour d'un repas cérémoniel.
Le plafond voûté du triclinium démontre l'expertise technique des constructeurs. Les murs, ornés de niches et d'alcôves, recevaient jadis des lampes à huile créant une ambiance à la fois solennelle et mystique, propice au recueillement et à la communion entre vivants et défunts.
Dissimulée à l'écart des parcours principaux, la salle dite "de Caracalla" pose une énigme archéologique fascinante. Découverte en 1947, cette fosse commune contient un assemblage troublant d'ossements humains et équins. Son appellation évoque l'empereur romain Caracalla qui, selon plusieurs récits historiques, aurait ordonné un massacre à Alexandrie en 215.
Cette chambre rectangulaire, d'apparence plus rustique que les autres espaces, présente néanmoins des éléments architecturaux similaires, notamment des niches funéraires aménagées dans ses parois. La présence inhabituelle d'ossements de chevaux mêlés aux restes humains suggère soit un événement tragique spécifique, soit un rituel funéraire particulier dont la signification échappe encore aux spécialistes contemporains.
L'architecture des catacombes de Kom El Shoqafa offre ainsi un témoignage exceptionnel des pratiques funéraires alexandrines, chaque espace architectural reflétant la fonction rituelle précise qu'il remplissait dans le culte des morts de cette société multiculturelle.
Les catacombes de Kom El Shoqafa représentent un phénomène culturel sans équivalent dans le monde antique. Leur caractère exceptionnel réside dans la fusion harmonieuse de trois grandes traditions funéraires qui s'entrelacent dans chaque recoin de ce sanctuaire souterrain.
Les parois des catacombes portent l'empreinte indélébile de l'Égypte pharaonique. Des disques solaires ailés, emblèmes du dieu Horus, surplombent majestueusement plusieurs architraves. La symbolique traditionnelle se manifeste également à travers les serpents Agathodémon qui gardent l'entrée du tombeau principal, coiffés du pschent – cette double couronne qui symbolisait depuis des millénaires l'unification de la Haute et Basse-Égypte.
Les panneaux latéraux dévoilent des scènes rituelles où figure le taureau sacré Apis recevant diverses offrandes. Cette persistance des motifs funéraires ancestraux témoigne de la vitalité des croyances égyptiennes, qui continuèrent à prospérer malgré plusieurs siècles d'influences étrangères.
L'héritage hellénistique s'exprime avec subtilité dans l'ornementation sculpturale. Les artisans ont adopté des techniques et motifs grecs, particulièrement évidents dans les représentations du mythe de l'enlèvement de Perséphone. Certains serpents arborent un thyrse, attribut caractéristique du dieu Dionysos, marquant ainsi l'intégration d'éléments religieux helléniques.
Cette présence grecque s'inscrit dans une continuité historique remontant à l'arrivée d'Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., moment fondateur où s'amorça la fusion des cultures égyptienne et hellénistique. La divinité tutélaire d'Alexandrie elle-même, Sérapis, incarnait cette symbiose culturelle – ses origines puisaient dans le culte égyptien d'Apis tout en adoptant une forme visuelle profondément hellénisée.
Un examen attentif des statues révèle un phénomène fascinant : nombreuses figures égyptiennes portent des vêtements et arborent des coiffures typiquement romains. Cette particularité reflète l'influence prépondérante de Rome sur l'Égypte au IIe siècle de notre ère, période de construction des catacombes.
La représentation la plus saisissante de cette fusion culturelle demeure celle d'Anubis, divinité égyptienne de la momification reconnaissable à sa tête de chacal. Dans l'univers des catacombes, ce dieu millénaire apparaît métamorphosé en légionnaire romain, revêtu d'une armure et maniant lance et bouclier. Certaines images lui attribuent même une queue de serpent, attribut du dieu grec Agathos.
Cette figure hybride occupe une place centrale dans la chambre funéraire principale, où l'on distingue Anubis pratiquant le rituel de momification sur un corps allongé sur un lit funéraire en forme de lion. Cette représentation constitue l'expression parfaite du syncrétisme religieux qui définissait l'Alexandrie romaine.
Les catacombes de Kom El Shoqafa incarnent ainsi le témoignage exceptionnel d'une époque où trois grandes traditions culturelles coexistaient et s'enrichissaient mutuellement, faisant d'Alexandrie un véritable carrefour des civilisations méditerranéennes.
La chambre funéraire principale constitue le cœur symbolique des catacombes de Kom El Shoqafa. Nichée dans les profondeurs souterraines, cette salle centrale représente l'apogée du génie architectural alexandrin, dévoilant aux visiteurs attentifs les preuves tangibles d'une fusion culturelle sans précédent.
Trois sarcophages monumentaux dominent l'espace, taillés dans la pierre calcaire avec une précision remarquable. Leur particularité principale réside dans une caractéristique structurelle unique : les couvercles demeurent fixés de façon permanente à la structure.
Cette configuration inhabituelle nécessitait l'insertion des corps par l'arrière, via un passage spécialement conçu contournant la chambre. Les artisans ont orné ces monuments funéraires de guirlandes délicatement sculptées et de têtes représentant diverses divinités grecques, attestant l'influence hellénistique dans ce sanctuaire.
Les visiteurs observeront, sur les panneaux en relief entourant les sarcophages, la présence de trois vases canopes placés sous le lit funéraire. Ces réceptacles sacrés, normalement au nombre de quatre dans la tradition égyptienne pure, servaient à conserver les organes vitaux du défunt après l'embaumement.
Chaque vase se plaçait sous la protection d'une divinité spécifique : Amset gardait le foie (Sud), Douamoutef l'estomac (Est), Hâpi les poumons (Nord) et Kébehsénouf les intestins (Ouest). Leur présence souligne l'attachement persistant aux pratiques funéraires pharaoniques.
Des découvertes récentes ont enrichi notre compréhension des lieux. En 1993, une modification accidentelle du taux d'humidité a révélé des fresques jusqu'alors invisibles. L'examen aux rayons ultraviolets a permis d'identifier deux niveaux superposés de peintures murales.
Le registre supérieur illustre Anubis procédant à l'embaumement d'Osiris sous la vigilance protectrice d'Isis et Nephthys. Plus surprenant encore, le registre inférieur dépeint l'enlèvement de Perséphone par Hadès selon la mythologie grecque. Cette juxtaposition délibérée des deux récits mythologiques témoigne d'une volonté d'invoquer simultanément la protection des panthéons égyptien et grec.
Les panneaux latéraux présentent des scènes où le taureau sacré Apis reçoit diverses offrandes. Ce culte fondamental de la religion égyptienne s'est propagé d'Alexandrie vers l'ensemble du bassin méditerranéen sous la forme hellénisée du dieu Sarapis.
Apis, considéré comme l'incarnation vivante d'Osiris, recevait les honneurs durant sa vie puis était momifié après sa mort, suivant un deuil national de soixante-dix jours. Sa représentation dans les catacombes illustre éloquemment la persistance des croyances ancestrales égyptiennes, même sous l'influence culturelle gréco-romaine dominante.
Les catacombes de Kom El Shoqafa figurent parmi les Sept Merveilles du Moyen Âge, un site funéraire dont la découverte relève d'un hasard presque romanesque. L'année 1900 marqua leur révélation au monde moderne lorsqu'un âne chuta accidentellement dans un puits d'accès oublié depuis des siècles. Ce complexe souterrain porte un nom évocateur - "Colline des Tessons" - témoignant des fragments de poteries qui jonchaient autrefois sa surface.
Alexandrie abrite ce joyau archéologique où convergent trois grandes traditions architecturales et artistiques. Les influences pharaoniques, hellénistiques et romaines s'entremêlent dans chaque recoin de cette structure creusée à 30,48 mètres dans la roche calcaire.
L'organisation spatiale révèle trois niveaux distincts culminant dans une chambre funéraire principale, remarquable par ses trois massifs sarcophages en pierre. Une famille romaine fortunée fit initialement construire ce sanctuaire pour son usage exclusif, avant que des extensions successives n'en fassent un lieu de sépulture plus vaste.
Les catacombes dévoilent leur splendeur aux visiteurs curieux depuis leur utilisation active entre le 2ème et le 4ème siècle. L'escalier circulaire, chef-d'œuvre d'ingénierie antique, permettait le transport solennel des défunts vers leur dernière demeure.
Le triclinium, salle rectangulaire de 9 mètres sur 8,5, accueillait quant à lui les banquets funéraires où les vivants honoraient la mémoire des disparus. Chaque détail architectural raconte l'histoire d'une Alexandrie antique, carrefour culturel où les civilisations méditerranéennes fusionnaient leurs traditions avec une harmonie remarquable.
La découverte optimale des catacombes de Kom El Shoqafa nécessite quelques précautions et informations préalables. Ces recommandations permettront au visiteur d'apprécier pleinement les subtilités de ce sanctuaire funéraire millénaire.
Durée idéale de la visite
Une exploration complète des catacombes requiert approximativement deux heures. Cette plage temporelle offre l'opportunité d'étudier minutieusement les sculptures, d'assimiler la logique architecturale du lieu et de s'imprégner de l'atmosphère singulière qui règne dans ces profondeurs. Le complexe accueille les visiteurs quotidiennement de 9h à 17h (parfois 16h30 selon les périodes), permettant ainsi d'éviter les moments d'affluence excessive.
Accessibilité et escaliers en colimaçon
L'entrée des catacombes se caractérise par un escalier hélicoïdal de 6 mètres de diamètre, enroulé autour du puits central. Les marches, fidèles à la tradition romaine, se présentent d'abord larges puis se rétrécissent progressivement durant la descente.
Cette configuration architecturale exclut malheureusement l'accès aux personnes à mobilité réduite ou aux visiteurs en fauteuil roulant. Certains passages étroits et sols potentiellement glissants exigent également le port de chaussures appropriées offrant une adhérence suffisante.
Pourquoi un guide est recommandé
Bien qu'une visite autonome demeure possible, l'accompagnement d'un guide éclaire considérablement la richesse symbolique et historique des lieux. Les commentaires experts fournis par ces médiateurs culturels illuminent particulièrement:
La signification ésotérique des reliefs sculptés
La chronologie détaillée de la découverte du site
Les cérémonies funéraires pratiquées par les Alexandrins antiques
Les spécificités architecturales et leur fonction rituelle
Ce que pensent les visiteurs
Les récits des voyageurs convergent vers une appréciation globalement enthousiaste. Nombreux sont ceux qui soulignent la compétence et l'amabilité des guides locaux, tels que Mohamed et Ahmed, dont l'érudition et l'humour transforment la visite en expérience mémorable.
L'ambiance particulière de ce lieu chargé d'histoire captive invariablement les visiteurs. Toutefois, plusieurs témoignages suggèrent d'éviter les heures d'affluence afin de savourer pleinement la quiétude mystérieuse des salles souterraines.
Les catacombes de Kom El Shoqafa offrent bien plus qu'un simple lieu de repos éternel - elles dévoilent l'âme même d'Alexandrie antique. Chaque recoin de ce labyrinthe funéraire raconte l'histoire d'une métropole méditerranéenne où les civilisations se rencontraient, dialoguaient et fusionnaient leurs traditions.
L'Alexandrie du IIe siècle de notre ère apparaît, à travers ces galeries souterraines, comme un extraordinaire creuset culturel. La cohabitation des éléments architecturaux et décoratifs témoigne d'une société cosmopolite où les influences d'Orient et d'Occident s'entremêlaient harmonieusement.
Les tombeaux alexandrins présentent un syncrétisme artistique remarquable, où motifs égyptiens, grecs et romains s'unissent dans une synthèse parfaitement équilibrée.
La figure d'Anubis revêtu d'une armure de légionnaire romain illustre magnifiquement cette fusion culturelle. Cette représentation hybride démontre comment les Alexandrins adoptaient les symboles du pouvoir impérial tout en préservant leurs croyances ancestrales. Ce dialogue iconographique nous éclaire sur les mécanismes d'adaptation et d'échange qui caractérisaient cette période charnière.
Le nom même du site - "Monticule de Tessons" - révèle un aspect fondamental des pratiques funéraires locales. Ces fragments de poteries, vestiges des offrandes apportées aux défunts par leurs proches, attestent de la persistance des rituels égyptiens sous domination étrangère. La tradition du culte des morts, pierre angulaire de la spiritualité pharaonique, s'était maintenue malgré les bouleversements politiques.
L'harmonie des styles artistiques observée dans les catacombes suggère une Alexandrie où régnait une relative tolérance religieuse. Cette métropole portuaire accueillait diverses communautés qui, loin de s'isoler, participaient à un enrichissement mutuel de leurs traditions. Les tombes nous dévoilent une société qui intégrait les apports extérieurs sans renier son héritage millénaire.
L'abandon progressif des catacombes au IVe siècle coïncide avec la montée du christianisme dans l'Empire romain. Cette transition marque la fin d'une époque et l'entrée dans une nouvelle ère spirituelle pour Alexandrie, qui deviendra bientôt un centre majeur de la chrétienté orientale.
Aujourd'hui inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO, les catacombes de Kom El Shoqafa constituent une fenêtre irremplaçable sur l'Alexandrie gréco-romaine. Elles nous permettent de comprendre comment cette cité portuaire, fondée par Alexandre le Grand, a joué pendant des siècles le rôle de pont entre les civilisations du bassin méditerranéen.
Q1. Quand les catacombes de Kom El Shoqafa ont-elles été découvertes ?
Les catacombes ont été découvertes par hasard en 1900 lorsqu'un âne est tombé dans un puits d'accès, révélant ainsi ce site archéologique exceptionnel.
Q2. Quelle est la particularité architecturale principale des catacombes ?
Les catacombes sont creusées sur trois niveaux dans la roche calcaire, jusqu'à 30 mètres de profondeur, avec un escalier en colimaçon autour d'un puits central permettant d'accéder aux différents étages.
Q3. Que représente le mélange culturel visible dans les catacombes ?
Les catacombes présentent un syncrétisme unique entre les cultures égyptienne, grecque et romaine, visible dans l'architecture, les sculptures et les symboles funéraires présents sur le site.
Q4. Quelle est la particularité des sarcophages dans la chambre funéraire principale ?
Les trois sarcophages de la chambre principale ont des couvercles inamovibles. Les corps étaient insérés par l'arrière à travers un passage spécialement aménagé.
Q5. Combien de temps faut-il prévoir pour visiter les catacombes de Kom El Shoqafa ?
Il est recommandé de prévoir environ deux heures pour explorer l'ensemble du site et apprécier pleinement ses détails architecturaux et son atmosphère unique.
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